Loi Chlordécone : Justice pour les habitants des Antilles
Je suis intervenue en faveur de proposition de loi pour l'indemnisation des victimes du chlordécone. Ce texte est essentiel car il permet la responsabilité de l’Etat dans le scandale du chlordécone.
De nombreuses victoires ont été obtenues sur ce texte puisque j’ai obtenu qu’une étude soit réalisée sur l’impact de l’interaction entre le chlordécone et d’autres produits phytosanitaires, comme le glyphosate, afin d’en évaluer les effets sur l’environnement et la santé. J’ai également fait adopter un amendement visant à établir publiquement la responsabilité des décideurs politiques dans ce scandale d’État, ce qui pourrait potentiellement mettre en cause les ministres ayant accordé des dérogations pour l’utilisation du chlordécone dans les bananeraies antillaises entre 1990 et 1993, tels que Louis Mermaz. Enfin, mon amendement qui impose à l’industrie des produits phytosanitaires de contribuer - via un fond- à la dépollution des sols et des eaux en Guadeloupe et en Martinique, conformément au principe du pollueur-payeur, a été adopté.
Mon intervention :
Pendant plus de vingt ans, nos sols de Guadeloupe et de Martinique ont été sciemment empoisonnés – sciemment, car l'impact du chlordécone sur la santé humaine, tout comme sa rémanence, étaient connus des pouvoirs publics. Dès 1963, des données industrielles faisaient état de la toxicité du chlordécone ; elles ont été confirmées et complétées par l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis en 1976 et la production de chlordécone a été définitivement arrêtée la même année, après la contamination des ouvriers de l'usine de Hopewell. Pourtant, il aura fallu attendre le 3 juillet 1990 pour que le gouvernement français interdise enfin l'utilisation et la commercialisation du chlordécone. Néanmoins, MM. Louis Mermaz, ministre de l'agriculture et de la forêt, puis Jean-Pierre Soisson, son successeur, vont accorder aux producteurs de bananes une dérogation permettant de poursuivre l'empoisonnement des sols et des populations de Guadeloupe et de Martinique pendant trois années supplémentaires. Comment ne pas voir, ici, la collusion évidente entre l'État et les planteurs de bananes, au détriment de notre environnement et, plus encore, de la santé des Guadeloupéens et des Martiniquais ? Comment ne pas voir cette faute inexcusable ? Reconnaître cette responsabilité n'est que justice envers les Ultramarins et Ultramarines, ce dont notre République s'enorgueillira. Nous comptons sur vous. » Voilà la lettre que mes camarades écologistes de Guadeloupe et de Martinique m'ont demandé de vous communiquer.
La proposition de loi que nous examinons est fondamentale, parce qu'elle reconnaît la responsabilité de l'État dans le scandale du chlordécone – oui, le scandale. Cette responsabilité n'est pas exclusive, comme certains voudraient nous le faire dire, mais elle a été active.